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  • Photo du rédacteur Audrey BERQUIN

"On va vers une nouvelle crise sanitaire", déplorent les podologues

Il est toujours difficile d’accepter d’être la dernière roue du carrosse, surtout lorsque le risque de banqueroute se fait sentir. Les podologues, comme les orthoptistes, ont été les seuls professionnels de santé à ne pouvoir faire de téléconsultation durant le confinement. De plus, ce sont les seuls professionnels libéraux qui ne toucheront aucune aide de l’État. Pourtant, leur rôle est crucial pour les diabétiques : ce sont eux qui peuvent diagnostiquer la plaie du pied, première cause de décès et d’amputation pour les malades. 44% des patients ayant subi une intervention chirurgicale pour cette plaie du pied feront une récidive dans les 12 mois et 20% d’entre eux en mourront dans l’année. Un rôle primordial à La Réunion qui est le département français le plus touché par le diabète avec 9,8% de la population atteinte et qui compte deux fois de plus de complications qu’en métropole. Un sentiment d’abandon doublé d’une impression de trahison. Au début de la crise, les podologues ont accepté de donner leurs stocks de masques aux médecins de ville par solidarité. Or, depuis le prix de la boîte de 50 masques est passé de 8 à 50€. Mais ce n’est pas tout. L’ordre des podologues impose à ses adhérents de se munir de masques, gants, charlotte, surblouses, lunettes de protection et masque FFP2. Un coût supplémentaire après deux mois d’inactivité. De plus, le matériel doit être totalement désinfecté entre deux patients. Conséquence, les podologues ne peuvent accueillir qu’un seul patient de l’heure contre deux habituellement, soit une perte de 50% du chiffre d’affaires. On pourrait penser que le prix d’une consultation peut suffire à couvrir les frais, mais c’est loin d’être le cas. Les podologues peuvent fixer leur prix pour les consultations sauf si celle-ci est conventionnée. C’est le cas pour les diabétiques et les bénéficiaires de la CMU. Mais si un patient couvert par la CMU vient pour faire une consultation hors diabète, le podologue recevra 63 centimes pour la consultation, quelle que soit l’intervention. "Ce qui va arriver, c’est que les collègues vont les refuser", prévient Naima Liafi, présidente de l’URPS Pédicure/Podologue de La Réunion avant d’ajouter que "c’est une injustice sociale". Les podologues doivent donc faire face à une augmentation des coûts des consommables, une baisse de 50% des consultations due au temps de nettoyage en plus des deux mois sans activité. "Soit je ferme, soit je ne prends que des diabétiques", s’interroge Naima Liafi, comme l’ensemble des ses confrères. Et si une majorité choisit la première option, "on va vers une nouvelle crise sanitaire" prévient la présidente de l’URPS.


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